lundi 14 janvier 2019

Le bain d'une dame romaine



Une esclave d'Egypte, au teint luisant et noir,
Lui présente, à genoux, l'acier pur du miroir ;
Pour nouer ses cheveux, une vierge de Grèce
Dans les compas d'Isis unit leur double tresse ;
Sa tunique est livrée aux femmes de Milet,
Et ses pieds sont lavés dans un vase de lait.
Dans l'ovale d'un marbre aux veines purpurines,
L'eau rose la reçoit ; puis les filles latines,
Sur ses bras indolents versant de doux parfums,
Voilent d'un jour trop vif les rayons importuns,
Et sous les plis épais de la robe onctueuse,
La lumière descend molle et voluptueuse.
Quelques-unes, brisant des couronnes de fleurs,
D'une hâtive main dispersent leurs couleurs,
Et, les jetant en pluie aux eaux de la fontaine,
De débris embaumés couvrent leur souveraine,
Qui, de ses doigt distraits touchant la lyre d'or,
Pense au jeune consul, et, rêveuse, s'endort.

Alfred de Vigny
Peinture Sebastiano Ricci 1659-1734

vendredi 13 juin 2014

Espérance


Si tu sens vaciller ta foi
Devant la tempête hagarde,
Calme-toi
Dieu te garde.

Si d'après la commune loi
Dans le néant tombe chaque heure,
Calme-toi,
Dieu demeure.

Si ton cœur est rempli d'émoi,
Si le désespoir t'environne,
Calme-toi,
Dieu pardonne.

Si la mort te comble d'effroi,
Si tu crains l'ombre où l'on sommeille,
Calme-toi,
Dieu réveille.

Alice Chambrier (27 septembre 1881)
Peinture George Frederic Watts : l'Espérance

dimanche 29 juillet 2012

Poésie de Stéphane Mallarmé : Brise Marine


La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins réflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !

dimanche 15 avril 2012

Le Chat de Charles Baudelaire


                       I


Dans ma cervelle se promène
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,


Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde:
C'est là son charme et son secret.


Cette voix qui perle et qui filtre
Dans mon fond le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.


Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases
Elle n'a pas besoin de mots.


Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,


Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux !


                        II


De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.


C'est l'esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?


Qand mes yeux, vers ce chat que j'aime,
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement,
Et que je regarde en moi-même,


Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.

Peinture Emily Chesley

jeudi 27 octobre 2011

Abd-El Qader al-Jilani


La mort, c'est la fin des tristesses et des réjouissances, de la richesse et de la pauvreté, des difficultés et de la prospérité, des maladies et des douleurs. Celui qui meurt voit arriver sa résurection et se rapprocher ce qui était lointain pour lui. Tout ce que tu connais dans ta vie est folie. Isole toi par rapport à ton état avec ton coeur, ton secret intime et ton intérieur. Le bas monde chemine vers un terme connu, et la vie future vers un terme indéfini.

samedi 23 avril 2011


"Le chat est d'une honnêteté absolue : les êtres humains cachent, pour une raison ou une autre, leurs sentiments. Les chats non."

Ernest Hemingway

Peinture Alice Martinez-Richter : la mauresque au chat gris (vers 1942)

vendredi 4 mars 2011

Talmud


Fais attention à tes pensées, car elles deviendront des paroles.
Fais attention à tes paroles, car elles deviendront des actes.
Fais attention à tes actes, car elles deviendront des habitudes.
Fais attention à tes habitudes, car elles deviendront ton caractère.
Fais attention à ton caractère, car il est ton destin.


Peinture William Blake