mercredi 24 février 2010

Poésie de Mario Luzi


" Ne le perds pas, le fil de la vie" -
semble me dire une pensive Lachésis
en ce visage de Gitane -
"suis-le toujours, même quand il se cache
dans les plus noires galeries

ou plus sombre

s'enchevêtre
en de mortels dédales - ou encore,
engourdi, s'atrophie
en faux triomphes
privés ou publics.

Ne le perds pas,

je te prie, ne va pas le lâcher
pour aucune sorcellerie
de faux paradis,

pour aucune

illusion de refuge
dans des forts ou des ermitages
ou dans aucune brèche qui ouvrirait,
un jour, sur l'éternité.
Il ne te lâchera pas, lui tu le sais,
si tu lui es fidèle,
au premier blanchoiement de l'aube
il vibre dans tes mains,
à chaque nouveau jour,
à chaque recommencement" - c'est ce qu'elle
dit, c'est cela qu'elle m'intime
ou que lui dicte mon désir...


Poesie extraite du livre : D'une lyre à cinq cordes
Traductions de Philippe Jaccottet

Peinture : Thumann, Friedrich Paul (Allemagne, 1834-1908)

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